Recherches académiques
Cette contribution analyse les fortes inégalités au sein des prisons nigériennes. Elle montre la coexistence de super-détenus bénéficiant de privilèges, de responsables relativement protégés et de badauds particulièrement vulnérables, souvent soumis à de graves privations. L’étude met ainsi en évidence un continuum de précarité qui façonne profondément les expériences carcérales au Niger.
Cet article propose une lecture de l’histoire longue des prisons africaines, en montrant que les pratiques coercitives d’enfermement au Niger ne commencent pas avec la colonisation. Si l’époque coloniale a fortement structuré l’institution carcérale, elle n’en constitue pas l’origine. Bien avant l’arrivée des puissances européennes, des formes d’enfermement étatique existaient déjà dans les sociétés sahéliennes, notamment au sein de l’Empire Songhaï ou des royaumes haoussa, où l’incarcération servait à affirmer le pouvoir souverain plutôt qu’à réformer les individus. En articulant héritages précoloniaux, dispositifs coloniaux et pratiques contemporaines, le texte montre que la prison nigérienne relève d’un continuum historique de coercition, où l’enfermement demeure un instrument central du gouvernement des corps et de la domination politique.
Cet article analyse le rôle des institutions internationales dans la diffusion de la sécurité dynamique au sein des prisons nigériennes. Initialement pensée pour renforcer la sécurité par la confiance, la communication et la responsabilisation des détenus, cette doctrine a été importée au Niger par des organisations internationales qui proposent des formations et des accompagnements.
Cependant, loin de transformer la relation carcérale, ces formations ont servi avant tout à renforcer le contrôle coercitif. Elles consolident les hiérarchies préexistantes et légitiment les pratiques de surveillance, sans réduire les violences ni les inégalités.
L’article montre ainsi que la sécurité dynamique, telle qu’implémentée au Niger, devient un vecteur de durcissement du pouvoir carcéral, plutôt qu’un outil d’humanisation de la détention.
Cet article dévoile que dans les prisons du Niger, une partie des personnes détenues exerce des tâches de renseignement pour le compte de l’administration. Le recueil et le traitement des informations reposent sur une organisation de détenus, dirigée par l’un d’eux et contrôlée par le régisseur. Ces informateurs clefs jouissent de prérogatives et de privilèges en échange de leur participation au système de surveillance de la prison. Leur pouvoir est toutefois remis en cause par un dispositif parallèle de renseignement instauré par l’administration, qui, tout en brouillant la hiérarchie interne, contribue à absorber les contestations et à prévenir les risques d’action collective. Réelle technique de gouvernement, la mobilisation des détenus reflète un dispositif de contrôle stratégique orchestré par l’administration.
L’article « Fragmentation et contrôle de l’autorité à la prison civile de Niamey : entre « super-détenus » et hyper-présence de l’Etat » a été publié dans l’ouvrage collectif « L’Etat ivoirien à l’épreuve de la détention préventive », co-dirigé par Marie-Julie Bernard et Bénédicte Fischer. Cet article que j’ai rédigé invite à repenser le cadre d’analyse de l’exercice de l’autorité en prison, la prison pouvant être analysée comme une institution hybride, au sein de laquelle des « super-détenus » exercent des formes d’autorité. Pourtant, malgré ces formes d’autorité, l’Etat conserve une place absolument centrale dans les prisons : bien que peu visible au sein du quartier, il y est en réalité « hyper-présent ».
Recherches non académiques
Depuis 2013, je collabore avec de prestigieuses organisations, parmi lesquelles : PNUD, UNICEF, Conseil de l’Europe, Agence Française de Coopération Médias (CFI), Agir Ensemble pour les Droits Humains, Avocats sans frontières Belgique, Avocats sans frontières France, ECPAT, Ensemble Contre la Peine de Mort, Free the Slaves, Grandir Dignement, Handicap International, Human Dignity, Médecins du Monde, Penal Reform International, Prison Insider, Save the Children, Search for Common Ground, Secours Catholique Caritas France, ou Solthis.
Vous trouverez ci-dessous quelques recherches et évaluations publiques récentes que j’ai conduites ou auxquelles j’ai participé. De nombreuses évaluations réalisées sont des documents internes aux organisations (donc non publiés). Merci de me contacter si vous désirez des informations complémentaires.
Ce rapport présente les résultats de l’évaluation externe de la réforme sectorielle de la Justice pour enfants au Kazakhstan. Cette évaluation externe s’intéresse aux réformes lancées par le gouvernement du Kazakhstan depuis l’adoption du « Concept de développement du système de justice pour mineurs en République de Kazakhstan pour 2009-2011 ». L’analyse porte sur les réformes mises en oeuvre au cours de la période 2009-2017.
